Paul Bernard 0000 – C 07 PB – L’impasse politique – 13 10 2013
L’IMPASSE POLITIQUE
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Nos sociétés modernes ont de la peine à mettre en place des gouvernements efficaces pour faire face à la complexité et à l’urgence des problèmes à traiter.
La démocratie directe est une formule logique et attractive mais dont l’application pratique est de plus en plus difficile. Il est donc nécessaire de prendre appui sur la démocratie représentative dont l’efficacité implique des conditions exigeantes. En fait il est indispensable de préserver une respiration républicaine entre les citoyens, qui demeurent en corps constitué le seul souverain, et les élus délégués par eux et maintenus sous leur contrôle et leur surveillance.
Or de nos jours de graves maladies attaquent le corps politique et s’opposent à cet échange civique permanent.
La sève démocratique qui vient des racines populaires ne parvient plus à nourrir les branches visibles qui doivent rester au service exclusif de l’arbre c’est-à-dire de la nation.
D’une part les partis politiques, dont la Constitution de la Ve République limite le rôle à « concourir à l’expression du suffrage », sont en fait parvenus à capter le pouvoir démocratique, à s’y substituer, quitte à le scléroser, pour le seul profit d’intérêts catégoriels.
Cette évolution malsaine connaît le pire avec la confusion du régime des partis avec le système réducteur opposant la droite et la gauche. Ainsi dans un combat infantile, consistant à conquérir ou à garder le pouvoir, les Français constatent en période électorale que, selon leur option, ils n’ont plus d’adversaires mais seulement des ennemis. De plus cette situation dramatique conduit à l’hémiplégie du gouvernement qui se trouve dans l’incapacité de prendre les décisions qui s’imposent.
D’autre part, face à cette situation manichéenne, les électeurs eux-mêmes s’arrangent pour rendre les vainqueurs du moment incapable de mettre en œuvre leurs programmes.
En effet la base électorale de la majorité fond comme neige au soleil de la passion et de la haine partisane. Une simple réflexion d’arithmétique permet de comprendre l’absurdité de notre système démocratique.
Tout résultat électoral fait apparaître une pulvérisation des votes utiles. D’abord le rejet grandissant du régime des partis est à la source du phénomène de l’abstentionnisme. Depuis un quart de siècle les statistiques font apparaître un affaissement de 10 points du taux de participation électorale. Ainsi les troupes anonymes de ce premier parti parviennent à se situer entre 40 et 60 % des électeurs inscrits selon les élections nationales ou locales. Si on y ajoute les bulletins accordés aux formations extrémistes de droite ou de gauche, on constate que 50 % de l’électorat se placent hors jeu de la consultation.
Cette majorité non qualifiée se divise elle-même en deux parties selon les options de droite et de gauche. Chaque partie se subdivise ensuite car chaque clan doit tenir compte de ses propres guerres de chefs internes. Ainsi le camp vainqueur se retrouve in fine en charge d’une majorité d’adhésion à son programme de quelque 20 % seulement.
Il en résulte à l’évidence une situation malsaine qui empêche la réalisation de la moindre réforme parce que la majorité de soutien de toutes les décisions valables se trouve en réalité ailleurs, en dehors du champ politique utile.
La France, depuis la troisième élection présidentielle,(après De Gaulle et Pompidou), se trouve gouvernée, sans possibilité de faire adopter les grandes réformes à long terme en raison d’une paralysie pathologique de type hémiplégique. Les présidents ont préféré s’appuyer sur un parti dominant plutôt que sur une majorité ouverte à plusieurs tendances.
On ne peut donc accepter une telle confiscation du pouvoir souverain du peuple. Une des solutions évidentes consiste à mettre en place un gouvernement d’union nationale, au-delà des partis politiques, avec une équipe cohérente de personnalités décidées à surmonter leurs différences, et de donner un minimum de 3 à 5 ans de leur vie, le temps de remettre la France sur l’orbite de son destin, et de redonner aux citoyens l’habitude de soutenir un gouvernement responsable.
Le moindre observateur se rend compte que dans le dispositif actuel aucun gouvernement ne peut être en mesure de prendre l’initiative utile pour un tel sursaut. La procédure du référendum est prévue à cet effet. Elle est conditionnée par la modestie des gouvernants et par leur degré d’amour de la France supérieur à leur ambition personnelle.
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Oui il convient de reconnaître que la France se trouve dans une grave impasse politique. Je considère qui le climat actuel au cœur des populations déshéritées ainsi que des classes moyennes se dégrade gravement et durablement. Si la confiance est perdue c’est que ces populations ont perdu leurs repères. La colère grandit et les comportements deviennent sans retenue.
Je partage la description que vous faites de la situation qui a conduit à cette perte d’autorité et de respect des gouvernants.
Je plaide le renouvellement de la classe politique partisane, qu’elle soit de gauche ou de droite. Elles sont à bout de souffle ! J’ai cru trop longtemps que ce renouvellement aurait pu se faire passivement par les urnes. Je n’y crois plus car les législateurs ont tout noyauté le système démocratique dans le seul but de durer… je pense encore que le vote « blanc » serait un autre moyen pacifique de renouveler la classe politique partisane qui se partage et s’échange le Pouvoir. En plus de reconnaitre la comptabilisation des votes « blanc », il suffirait de créer un seuil minimum de voix à obtenir pour être élu, 30% des inscrits par exemple. malheureusement les parlementaires sont trop bien dans leur rôle pour imaginer une telle proposition de loi.
Aujourd’hui il faut admettre que le climat politique en France ressemble à celui de la IIIè ou IVè République. Nous sommes proche de la débâcle du système, ou de l’explosion sociale. Je ne vois pas que les parlementaires est un sursaut d’honneur pour qu’une majorité d’entre eux démissionnent pour débloquer la situation, donc tout cela ne peut que se terminer mal…
Ne devriez vous pas réfléchir à trouver une solution de substitution gouvernementale composée de gens ,hors du système politique, capables d’assumer les responsabilités?
Gérard Tardy Maire de Lorette