L’âge de la bonne gouvernance : 40 + 80 = 60 !

Louis Tenel

Je suis tout estourbi par ces jeunes hommes et femmes du gouvernement qui n’en finissent pas de déverser leur trop plein d’énergie dans la calomnie, la vindicte  et  la malfaisance, le tout avec et un non-sens des réalités de la vie qui fait frémir. Je me dis qu’il faudrait tempérer leur ardeur. La rediriger vers de meilleurs sentiments, et une compétence bien en défaut. À cette fin, une solution ferait l’affaire.

Il s’agirait d’assortir aux moins de quarante ans, par exemple, un coresponsable blanchi sous le harnais, dont la présence serait le gage de décisions réfléchies.

Cette précaution éviterait que la fougue de la jeunesse ignore l’enseignement des siècles passés en matière de comportement des hommes, face aux décisions qui les touchent au plus près.

L’idée s’appuie sur la prodigieuse faculté qu’ont certains des nôtres de s’épanouir avec l’âge. Comme l’ont découvert les neuroscientifiques leurs neurones en permanence générés, sont manifestement boostés vers le sublime !

Ainsi, en consultant les bibliothèques, on apprend que dans les arts, l’encore jeune Wagner compose Parsifal à 70 ans. Haendel écrit les Oratorios à un âge à peine plus avancé. Verdi produit Falstaff  quand il atteint l’octogénie. Goya, le Titien et Michel-Ange peignent leurs plus belles œuvres avant et après 80 ans. Goethe termine Faust à 83 ans. Et que dire d’Homère qui écrit l’Odyssée plus qu’octogénaire, et aveugle, du moins le dit-on !

En politique, de bons dirigeants gouvernent à ces âges. Churchill quitte les affaires à 81 ans. De Gaulle à 79 ans. Adenauer à 87 ans. Nelson Mandela sème la paix en Afrique et au-delà, par son Conseil des sages (Global Elders) à 89 ans !

En économie, on peut mettre en avant la figure de proue de la discipline au XXe siècle, J.-K. Galbraith, qui décède dans ses œuvres, à… 97 ans, après avoir « bien » conseillé moult présidents américains, qui ne suivirent d’ailleurs pas particulièrement ses avis. Ainsi, comme le Général, était-il contre la guerre du Viêt-Nam, sous Kennedy. Victoire du jeune âge contre l’âge avancé. Celle de l’horreur sur le bon sens.

En bref, cette litanie de grands hommes toujours à la tâche au-delà de l’habituel, montre que des cerveaux de qualité s’enrichissent de connaissances, d’expériences et donc de raison au fil du temps. Il faut en tirer partie.

Le projet consiste à adjoindre de tels sages aux écervelés aux jeunes années qui s’agitent en permanence dans toutes les directions et leurs contraires. Le Parlement et le gouvernement, pour faire bref, sont un gisement considérable de tels excités. L’écran au quotidien nous montre à l’envie les caprices de ces drôles qui rêvent d’un système où leur réélection serait permanente, et permettrait l’accès au plus vite au faîte du pouvoir. Le bien commun n’est manifestement pas leur priorité.

On fait donc appel au peuple des retraités, aptes à parrainer les jeunes espoirs qui nous gouverneront. Aux premiers la sagesse de l’âge. Aux seconds la capacité de déplacer les montagnes. On imagine une parité 40/80 ans. On sélectionne évidemment les meilleurs de la dernière tranche, ceux de la veine des exceptionnels cités plus haut.

Ce faisant, on allie le dynamisme et l’expérience. On dégraisse le mammouth administratif de la charge accumulée depuis des lustres. On pousse vers l’innovation et le progrès. Mais, dans le même temps, on évite les emballements inconsidérés tels qu’on les a connus ces dernières années, où des décisions sont prises en dépit du bon sens. On évite incidents et guerres, quand trop souvent les drones, missiles et autres excellences de notre capacité à tuer servent de solution faciles à nos politiques vite dépassés par les évènements du monde.

Au final, je propose que nos aux hauts dirigeants, d’une heureuse jeunesse, soient parrainés par des anciens reconnus pour leur brio et leur sagesse passée dans les affaires. On construit une nouvelle parité, ou un binôme si l’on préfère,  après celui des hommes/femmes retenu lors des dernières élections locales.

En mathématiques, mon élucubration de ce jour pourrait s’écrire : j40 + s80 = e60. Je traduis : un jeune de 40 ans, allié à un sage de 80 ans, équivaudrait à un excellent de 60 ans.

À nous la prochaine médaille Fields des maths !

Le boomerang des « mots-balles »

Louis Tenel

Du plus lointain que l’on se souvienne, le respect sous toutes ses formes était la base du vivre ensemble. Qu’il porte sur les gens ou les choses. Qu’on les aime, ou moins.
Dis bonjour à la dame !  Qui n’a pas entendu mille fois cet ordre sacré, résumé en cinq mots de toute la civilité humaine. Ne pas obtempérer vouait l’infâmeaux pires turpitudes de l’époque. Privation de désert (même de sucettes). Corvée de balai. Cent lignes sur le cahier du soir. Et que dire des jugements sur autrui !

Grandissant, je pensais que cette règle basique était de plus en plus partagée. Qu’elle s’était progressivement inscrite dans nos gènes, et que ce bon sens était devenu la Loi. Une actualité récente montre que là est l’erreur.

Partant du principe un peu simplet que tout est permis dans un monde sans loi, des journalistes trouvent leurs pieds en blasphémant les valeurs sacrées de croyants outre-sables.  Pas de quoi fouetter un chat pour qui ne croit rien en rien. Mais il se trouve que cet avis n’est pas partagé par un nombre important de ces croyants. Ils n’aiment pas. Ils le disent. Et pour ceux qui n’auraient pas bien compris, ils menacent. Du moins, ceux qui n’aiment vraiment pas.

Dans un tel cas, constatant que ce faisant on rend triste autrui, de soi-même on lève le pied et vaque à d’autres outrances, si ce genre d’occupation remplit particulièrement de joie. Cependant, les caricaturistes, comme ils se désignent, en remettent. On leur répète que ce n’est pas sans risque, les agressés ne baissant pas la garde. Pour les persuader du niveau du dit risque, des policiers prennent place devant l’immeuble de leur « créativité ». Est-ce bien là le rôle de nos Gardiens de la Paix, d’être transformés en Gardiens de l’Offense ? Et l’Histoire s’écrit telle qu’elle était programmée…

On doit en vouloir particulièrement à nos politiques, et tout particulièrement au premier d’entr’eux, qui n’ont pas fait leur travail au moment où les choses étaient évitables. Pour bien gérer le pays, on porte aux commandes des têtes, sensées bien pensantes. Fondamental : que chacun y vive en paix, et en bonne santé. On balance sur les ondes moultes campagnes contre le tabac, les accidents de la route, l’alcool et les drogues. Toute vie épargnée vaut son pesant d’or. On approuve ! Mais le cas qui nous occupe sort des limites de l’épure, comme disent les architectes. Une sorte de contrat virtuel semble lier les scribes concernés aux mal-appréciant de leurs œuvres. Où vous cessez vos grimoires, ou vous réduisez votre longévité, proclament les mécontents. Et pour bien faire comprendre que leurs mots ne sont pas en l’air, ils répandent sur les ondes force démonstrations d’épouvante, où l’hémoglobine leur sert de signature.Face à la réalité des faits, on attend que celui à qui on a confié la sagesse de bien gouverner l’hexagone réagisse d’une façon sensée, en bon père de famille. Du style : « Les enfants, vous touchez là à quelque chose qui dépasse l’entendement. Du plus profond des âges, le respect du aux dieux a été pour certains membres de notre communauté terrestre un acte sacré. Profaner de quelque façon que ce soit leur divinité met en cause votre sécurité, dont je suis garant. Il y a mille façons de verser votre bille, sur mille sujets à votre portée. Soyez compréhensifs pour prendre en compte la réalité des hommes et des choses. Les temps sont durs. Ne rajoutons pas à ceux qui nous agressent par ailleurs des motifs à en faire plus. Blesser l’opposant dans son amour propre ne l’a jamais rendu plus sage.»  En bref, sachons faire la part entre les mots d’esprit et les mots-balles, dont le retour par boomerang est assuré !

Plus encore, s’il sait s’instruire à l’art de bien gouverner en se plongeant dans les écrits de ses plus illustres prédécesseurs et des conseillers des princes, pourrait-il se remémorer le propos  de Machiavel, sur ce même sujet. Ce théoricien des armes nous enseigne qu’il faut se garder comme d’un meurtre de blesser l’amour-propre d’autrui, à moins de s’attendre à mourir en retour…

Socrate lui-même, deux mille ans plus tôt, n’oubliait jamais de rappeler qu’à terme, c’est le malheur qui condamne la mauvaise orientation des consciences. Et Marc Aurèle, un peu plus tard, renchérissait : « Souviens-toi que tu es né pour faire des actions utiles à la société, et que c’est ce que la nature de l’homme demande. » Mais de tels préceptes de vie saine ont-ils un sens aujourd’hui ? Plutôt que cela, nous entendons les humeurs acides et vociférantes de dits intellectuels pour lesquels la tolérance envers la pensée d’autrui est l’horreur suprême. Offensons, blessons, injurions, mortifions, vexons, heurtons, le venin  de l’écriture est l’essence de leurs pensée.

Ce faisant, on pourrait alors croire qu’une certaine logique dans la voie de l’égarement conduirait les élites politiques à y persévérer. Mais non ! Une pièce de théâtre (Lapidation) vient d’être retirée de l’affiche par le préfet, à titre de « précaution ». Des rencontres sur le même thème, itou. Il aura donc fallu un massacre pour déciller les yeux de nos gouvernants sur ce fait de société dont les conséquences étaient connues par tous ?

Qu’apprend-on dans toutes ces supposées « Grands » écoles de la République, et autres creusets de la connaissance politique, si ce b.a.-ba de la gouvernance d’État n’y est pas enseigné ?
On en pleure !

La femme qui mangeait sa terre, ou La Terre sacrée et La Terre nourricière

Louis Tenel

Une femme de Picardie se penche, ramasse de la poussière, et la porte à la bouche. Elle fait passer cet or terrestre de droite à gauche. Puis de gauche à droite. Elle savoure le nectar. Respire amplement pour bien s’imprégner de l’offrande. C’est sa terre. Celle qui l’a vue naître. Celle sur laquelle elle travaille. Celle qui la nourrit. Qui lui accorde ses joies et ses peines.

En bref, cette terre est pour elle sa propre essence. Son origine du monde. Son unité et son tout. Le sacré fait matière. Qu’on n’y touche pas. Si des désaxés, mus par quelques outrances inconscientes, venaient y médire, que la foudre du ciel les réduise à néant. Si cela venait à tarder, au besoin, elle presserait le pas.

Convenons que ce fait, d’apparence anecdotique, est d’un grand enseignement. On y trouve la matière, cette matrice du vivant. Puis cette exceptionnelle relation établie entre elle, et ce qu’elle a engendré, c’est-à-dire l’honorable personne. Cette relation se fait par l’osmose entre les deux, qui se manifeste dans le palais. La terre, d’où vient l’humain, nourrit cet être avec sa propre substance originelle, celle qui l’a créé. Le cycle infini du retour à ses origines.

Ce fait réel explique bien des choses. L’intolérable douleur des gens déracinés. Comme ces oiseaux qui volent jusqu’à mourir, quand ils ne retrouvent plus leur nid dans l’arbre abattu par des sauvages, civilisés ou moins. Le sol, c’est important. C’est le mariage sacré de l’homme et de sa terre. On ne doit pas le traiter à la légère. En être dépositaire, c’est un honneur suprême, que seuls ceux qui sont prêts à lui sacrifier leur vie, peuvent en être les occupants.

Hors la terre qui nous a vus naître, notre terre sacrée, une terre d’une autre nature vaut aussi tout l’or du monde, notre terre nourricière. De plus en plus, le travail est ailleurs de la première. Et sans elle, pas de salut ! Vénérons-la au plus haut de l’estime. Cette terre d’adoption fait lien entre l’adoptant et l’adopté, la patrie nourricière et le nouvel entrant.

Que les impératifs qui gouvernent la terre nourricière soient pour eux des lois d’airain, et que pour toutes choses, ils s’y conforment. La règle doit être sans faille et universelle. À défaut, le contrat est rompu, et les frontières s’ouvrent à eux pour leur retour. Attention aux légèretés de ceux qui s’agitent comme au cirque sur le sujet,  davantage mus par de naïves prétentions à gouverner le monde sans rien y connaître, qu’à en pénétrer la substance. On y introduit artificiellement des notions religieuses, comme ce dirigeant d’un État du Proche-Orient qui ose prétendre que les Français de son obédience ont « un pays, le sien » ! Cette obscénité lui aurait valu la guerre en d’autres temps… Ou bien que des venants du sud exigent de reproduire chez nous leurs us et coutumes.

Français de l’Histoire, pour l’être toujours, attention aux prédateurs qui attendent que tu baisses la garde, pour manger tes enfants !

La femmme qui mangeait sa terre, ou La Terre sacrée et la Terre nourricière

Une femme de Picardie se penche, ramasse de la poussière, et la porte à la bouche. Elle fait passer cet or terrestre de droite à gauche. Puis de gauche à droite. Elle savoure le nectar. Respire amplement pour bien s’imprégner de l’offrande. C’est sa terre. Celle qui l’a vue naître. Celle sur laquelle elle travaille. Celle qui la nourrit. Qui lui accorde ses joies et ses peines. En bref, cette terre est pour elle sa propre essence. Son origine du monde. Son unité et son tout. Le sacré fait matière. Qu’on n’y touche pas. Si des désaxés, mus par quelques outrances inconscientes, venaient y médire, que la foudre du ciel les réduise à néant. Si cela venait à tarder, au besoin, elle presserait le pas.

Convenons que ce fait, d’apparence anecdotique, est d’un grand enseignement. On y trouve la matière, cette matrice du vivant. Puis cette exceptionnelle relation établie entre elle, et ce qu’elle a engendré, c’est-à-dire l’honorable personne. Cette relation se fait par l’osmose entre les deux, qui se manifeste dans le palais. La terre, d’où vient l’humain, nourrit cet être avec sa propre substance originelle, celle qui l’a créé. Le cycle infini du retour à ses origines.

Ce fait réel explique bien des choses. L’intolérable douleur des gens déracinés. Comme ces oiseaux qui volent jusqu’à mourir, quand ils ne retrouvent plus leur nid dans l’arbre abattu par des sauvages, civilisés ou moins. Le sol, c’est important. C’est le mariage sacré de l’homme et de sa terre. On ne doit pas le traiter à la légère. En être dépositaire, c’est un honneur suprême, que seuls ceux qui sont prêts à lui sacrifier leur vie, peuvent en être les occupants.

Hors la terre qui nous a vus naître, notre terre sacrée, une terre d’une autre nature vaut aussi tout l’or du monde, notre terre nourricière. De plus en plus, le travail est ailleurs de la première. Et sans elle, pas de salut ! Vénérons-la au plus haut de l’estime. Cette terre d’adoption fait lien entre l’adoptant et l’adopté, la patrie nourricière et le nouvel entrant. Que les impératifs qui gouvernent la terre nourricière soient pour eux des lois d’airain, et que pour toutes choses, ils s’y conforment. La règle doit être sans faille et universelle. À défaut, le contrat est rompu, et les frontières s’ouvrent à eux pour leur retour.

Attention aux légèretés de ceux qui s’agitent comme au cirque sur le sujet,  davantage mus par de naïves prétentions à gouverner le monde sans rien y connaître, qu’à en pénétrer la substance. On y introduit artificiellement des notions religieuses, comme ce dirigeant d’un État du Proche-Orient qui ose prétendre que les Français de son obédience ont « un pays, le sien » ! Cette obscénité lui aurait valu la guerre en d’autres temps… Ou bien que des venants du sud exigent de reproduire chez nous leurs us et coutumes.

Français de l’Histoire, pour l’être toujours, attention aux prédateurs qui attendent que tu baisses la garde, pour manger tes enfants !

 

Experts d’incompétence

 

L’Humeur de Louis Tenel

J’allume la télé. Sur une chaîne, l’expert « es je-sais-tout » explique doctement pourquoi le chômage, et comment le résoudre. Sur la suivante, son clone livre la solution de l’immigration. Sur la troisième, un nouveau comique délivre l’ordonnance contre le mal des banlieues. Et ainsi de suite. On ne cesse de nous affliger par ces mégalos du non-savoir, aux passés désastreux, scotchés aux médias qui les transfusent. On dirait des pubs en boucles. Ou la chaîne Ignares-info.

Pourquoi nos affaires vont-elles mal, alors que sur chaque aspect du drame, une myriade d’experts savent quoi faire ? Encore mieux, de nouveaux venus du trou noir arrivent. Regroupés, ils prennent leur part du festin des idées ubuesques. On appelle leurs boites à penser des sincsancs, du moins, c’est ce qu’on a compris ! Déjà, sans qu’ils aient dit un mot, on sait qu’on ne comprendra rien. Naturel ! Chacun déverse ce qu’il a appris. Dans son école. Par sa vie sur un nuage. Mais sans le recul qui donne la conscience. Sans le temps qui apporte la connaissance. Passé sans mémoire. Horizon de peu.

Non que nous n’ayons pas des compétences affirmées en ces domaines, mais il faut aller les chercher à l’étranger qui sait honorer le savoir. Ainsi Jean Tirole, dernier Nobel de l’économie, loué hors de nos frontières. Mais pas chez nous. Comme un certain colonel de Gaulle, précepteur des armées blindées et doctrinaire chez l’ennemi. Mais pas chez nous. Alors que l’originalité, l’atypisme, la créativité sont au cœur du progrès. Vive Pasteur !

Importante, plus encore fondamentale, est l’origine du savoir. L’enseignant reproduit le savoir d’avant. De qualité, il actualise la matière. Il relate, et explique. Il prévoit demain. De moindre qualité, il reproduit le passé. Sans en extraire la façon de mieux faire. Il est mauvais. Exemples, les « crises ». Elles se succèdent comme les chenilles processionnaires. Se suivent et se ressemblent. Sans qu’on en retire du mieux. Sans remonter au déluge, prenons la « 29 », qui engendre la « 2008 ». Et la prochaine. Crédits illimités, surproduction, spéculation pour la première. Crédits illimités, surproduction, spéculation pour la seconde ! Conséquences, chute de la production et des prix, baisse de la Bourse, faillites, chômage, pour la première. Chute de la production et des prix, baisse de la Bourse, faillites, chômage pour les seconds ! CQFD.

Plus encore, puisque la banque et l’entreprise vont payer universités et grandes écoles qui lorgnent vers le privé, le savoir propagé servira leur intérêt. Libéralisme à outrance, pensée correcte pour demain ? L’effet miroir semble éteint. Le présent n’existe plus que dans le prolongement d’hier. L’argent mal géré gouverne et gouvernera. Sombre horizon. Une espèce invasive trentenaire, dite des zénarcs, squatte les ministères, les banques, les entreprises. Comme les frelons, elle s’alimente du meilleur profit, puisé chez les autres. Elle en retire les sucs. Elle en fait son miel. Elle se répand. Là où est le pouvoir. Là où l’argent est roi. Une autre école, dite sciencepo, en gaspille à gogo. Elle se dit former l’élite mondiale. Elle vient d’être montrée du doigt pour sa gabegie interne. Le monde à l’envers. La citrouille qui se prétend être le bœuf. Il est temps de distribuer des capotes pour restreindre les descendances.

Qui a marqué notre monde ? Chez nous, la Tour, c’est Gustave (Eiffel). Le métro, c’est Fulgence (Bienvenüe). Le béton, c’est Eugène (Freyssinet). L’aéronef, c’est Blériot, Ziegler, Dassault. La gomme, c’est André (Michelin)… Et pour couronner le tout, pour faire que la mayonnaise prenne, c’est Henri (Poincaré), tombé en enfance du berceau, et relevé avec une bosse, des maths, s’entend. Tous des génies. C’est pour ça d’ailleurs qu’on les appelle des ingénieurs. Reprenons-les !

Hier, on entrait en responsabilité après avoir fait du terrain. On commençait à la chaîne. On faisait la plonge. On trayait les vaches. Et puis on montait en grade. On avait marché dans la boue, touillé l’huile de vidange, mangé à la gamelle. On se souvenait. On comprenait. On ferait de son mieux pour les autres…  Le contraire du moment, où il est heureux de faire partie de la promo du Président pour accéder au pouvoir !

Parmi les hommes qui ont le mieux servi leur pays, beaucoup sont nés dans la précarité. Ainsi Gerhard Schröder, exceptionnel dirigeant allemand qui prend les bonnes décisions il y a 15 ans. Dans le même temps où, chez nous, on fait l’inverse, avec les résultats que l’on sait.

Jusqu’où peut-on descendre dans le trou noir ? Sombre horizon pour l’humanité.
Dur, dur sera demain.
À moins que ! À moins que ?

Il faut ! Il est urgent ! Il est grand temps ! Il est impératif ! On ne peut plus attendre !

L’humeur de Louis Tenel*
___

Leitmotif répété à l’envi, nos « érudits», soi-disant ceux qui savent tout mieux que les autres, on les appelle aussi des « experts » – nous serinent à longueur d’antenne leurs quatre vérités. Si on ne fait pas comme ils disent, c’est la cata assurée. Le drôle, c’est qu’ils sont tous d’avis contraires. Mais ça ne les gênent pas. La télé, les radios et les journaux se les arrachent. L’important, c’est d’occuper l’espace. Peu importe les fadaises et bêtises qu’ils déversent. De toute façon, personne ne les écoute. Heureusement ! On lit ou on entend : « Il faut – tout de suite ; sans attendre ; impérativement ; … – faire ceci ou cela. Il est urgent de décider comme ça. Il est grand temps de se réveiller ; prendre conscience ; réaliser ; se pénétrer … que tout va mal.

On me donne un exemple d’une telle outrecuidance (c’est Pépito, mon fils qui fait des études, qui me dit que c’est le mot qui convient à ce que je veux dire. Je ne le connaissais pas, mais on apprend tous les jours). Il s’agit d’un certain ministre des Finances et des Comptes publics qui  étale son égo démesuré dans un article paru dans un journal du soir. Il s’appelle Sapin. Ça doit être Noël tous les jours pour lui ! Ministre des comptes publics, je ne vois pas pourquoi je le paie pour faire ça. Moi je compte toute seule mes sous, et c’est vite fait ! J’ai pas besoin qu’on le fasse pour moi. J’ai entendu à la tv qu’un peu respectable de ses confrères ne comptait rien du tout. Pas d’impôts. Pas de loyer. Le Paradis sur terre ! Donc, dans l’article de l’idoine, j’ai compté 6 fois le mot « vérité » et 7 fois le mot « volonté » dans ce qu’il écrit, le drôle.  Démarche de totale veulerie à l’égard de son Président. Et il en rajoute encore : « Il y a urgence à agir », clame l’obscur. « L’Europe doit agir » ! Mais bon sang, elle ne le savait donc pas ! Et avec la France, c’est gagné. Point final de l’irréelle envolée : « C’est la clef de notre réussite ! » Vite, un bon serrurier !

Pépito a un ami qui a fait des études. Erwann, il s’appelle. Il travaille dans le cabinet d’un ministre. Pas dans un WC comme nous avons, vous et moi. Non, le cabinet d’un ministre, c’est là où s’activent ceux qui pensent pour le ministre. Les conseillers, comme ils s’appellent, écrivent tout ce que lit leur patron quand il va inaugurer les chrysanthèmes, comme on dit. L’autre jour, le dit ministre appelle Erwann pour lui dire quelque chose d’important. Il faut, dit la sommité, que vous citiez au moins une fois par page le nom du Président. Le reste est sans importance. Écrivez ce que vous voulez. Mais une fois par page, n’oubliez pas. C’est impératif ! Je vérifie. Le ministre des comptes ci-dessus a bien flagorné le Président. Ouf pour lui, il va rester !
___
*L’auteur reprend les propos échangés avec Mame Michalon, plus lettrée qu’illettrée, mais gardienne de l’immeuble voisin, qui refait le monde avec ses collègues avec qui elle papote … quand elle n’est pas dans l’escalier !